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1915 : Un an de guerre dans le Nord de La France PDF Imprimer Envoyer
Dimanche, 08 Novembre 2015 22:43
Pierre Loubès est né en 1870 à Ventenac au quartier de la Viale. En 1908, après avoir été régisseur au domaine de Félines près de Carcassonne, il revient dans son village. Il acquiert avec l'un de ses frères les biens de Mme Rigal de Foncalve dont la ferme le Sauvage, qu'il destine à l'élevage ovin.
Six ans plus tard en 1914, ses terres sont réquisitionnées avec les communaux d'Aragon pour l'entrainement des soldats au tir réel. L'élevage est interdit.
A 44 ans Pierre Loubès est mobilisé, laissant seules son épouse et sa fille avec une campagne à gérer. Il rejoint le 3e régiment d'artillerie à Brest le 18 novembre 14 avant de retrouver la compagnie des Travailleurs. Puis, il rejoindra le nord de la France.

« Je m'en sors alors qu'il y a tant de morts »
De cette année un album de cartes postales a gardé en témoignage les traces de cette vie.
Courrier ou le leitmotiv  se veut rassurant « Je vais bien, ne vous faites pas de mauvais sang, je m'en sors alors qu’il y a tant de morts. Nous entendons bien le canon mais nous n'en voyons pas le feu comme quand nous étions au 1er cantonnement. Nous allons bientôt changer d'endroit, vers le nord prés d'une station balnéaire ».
Le 1 mai  « Nous avons un chantier admirable : une route pavée qui ne provoque pas de poussière avec de chaque coté une rangée d'ormeaux qui vont s'épanouir et donner de l'ombre. Il est passé aujourd'hui quelques centaines de prisonniers bien maigres avec un officier qui m'a regardé d'un air mauvais avant de baisser la tête ».

La vie continue à Ventenac :
10 mai « J'ai bien reçu la lettre , la photo et le mandat. Merci mais j'avais encore de l'argent. Pour la question des moutons, il n’y a rien qui presse pour les vendre .Il faudrait les tondre,car tout est pour le moment très cher : la laine et la viande. Dans sa dernière lettre maman a l'air mélancolique. Craint-elle pour moi ? Je ne suis pas plus exposé qu'avant ».
En décembre, c'est sa fille Marie-Joséphine qui lui souhaitera ses vœux, lui disant sa peine de ne pas le voir.
Au front, la fin de l'année s'achève : « Voici la fin de l'année qui finit comme elle a commencé. Espérons que ce  soit dans celle qui arrive que nous puissions revivre en famille ».
Pierre Loubès sera affecté au 2ème régiment du génie en 1916, ensuite au 143ème régiment d'infanterie. Il sera libéré le 30 décembre 1918.

Précisions apportées par Gilles Roquier son arrière petit-fils.
Pierre Loubès était le troisième enfant d'une fratrie de six frères tous nés à la Viale. Plusieurs d'entre-eux sont allés à la guerre.  Avec eux, tous ces ventenacois (ils se connaissaient tous) qui sont partis pour des  mois ou des années de souffrance. Ne les oublions jamais. A son  retour sur  son exploitation  Pierre Loubès s'est reconverti dans l'arboriculture et la viticulture. Il fut conseiller municipal a Ventenac et il a achevé ses jours dans notre village. Un salut amical à la grande famille Loubès.
Jeannine & Gilles ROQUIER
 

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